Mounette le confie sans rougir sur un forum : «  Mon mari et mon fils se moquent gentiment de moi car je parle aux poules », explique-t-elle. « Moi aussi je parle à mes cocottes, confie en écho Ramoutcho, qui considère même que les gallinacées « l’écoutent car elles tournent la tête ». Né aux Etats-Unis, l’élevage de poules en milieu urbain a de plus en plus d’adeptes en France. « Les poules sont des animaux attachants et peu contraignants », explique Pierre-Alain Oudart, responsable oiseaux et rongeurs chez Truffaut. Ce dernier table sur un volume de ventes de 50 000 poules et poussins cette année en France, une croissance de 150 % en cinq ans. Même son de cloche chez le rival Jardiland, avec une progression de 148 % des ventes de poules pondeuses en 2014.

Isabelle réside dans un pavillon avec jardin à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à deux pas du métro. Des quatre poussins qu’elle a recueillis auprès d’une voisine fin 2013, il a d’abord fallu qu’elle évince l’un des deux coqs de la « portée ». Le manger ? Impensable. « Manger les œufs, oui. Faire la peau à mes cocottes, non ! », s’exclame-t-elle, un œil attendri posé sur son trio. Elle ne se lasse pas des deux visites qu’elle leur rend, matin et soir. « Je ne peux pas les caresser, c’est ce qui me frustre le plus », confie la quadragénaire.

Pourquoi faire l’acquisition de poules ? En premier lieu pour réduire ses déchets. Et puis, bien sûr, pour consommer des œufs frais « comme à la campagne », avance l’argumentaire de l’opération « Adopter la poule attitude », mise en place, en 2014 pour trois ans, par la ville de Châtillon (Hauts-de-Seine). Cette municipalité de la petite couronne francilienne est la première à proposer l’adoption de poules à ses habitants pour réduire le volume de leurs ordures ménagères. La pondeuse ingurgiterait à elle seule 150 kg de déchets alimentaires par an. « L’idée reçue concernant les poules en milieu urbain, c’est que ça pue et que c’est bruyant… Pourtant, entre les aboiements et l’entretien des trottoirs, elles génèrent bien moins de nuisances que les chiens », considère Julien Billiard, chargé de mission écoresponsabilité et prévention des déchets à la mairie.

« Je trie pour elles ce qu’il y a de meilleur. Cela représente entre 120 et 180 grammes de déchets par jour qui ne viennent pas enfler ma poubelle. »

Les « familles d’adoption » sont majoritairement des couples avec enfants, qui ont quitté Paris pour acquérir une maison avec jardin en proche banlieue. Tous ont signé une charte d’adoption qui mentionne le nom de baptême du duo de poules pris sous leur aile : Aglaé et Sidonie, Crazy et Horse ou encore Echalote et Vinaigrette… Ce sont les petits-enfants de Dominique qui ont baptisé leurs pondeuses, une poule rousse (ou poule fermière) et une cendrée : Pitch et Daisy. « Je suis de la campagne. Je suis à l’aise avec elles, explique la sexagénaire châtillonnaise, retraitée depuis peu. Ce n’est pas un animal de compagnie au sens où on l’entend, mais ça reconnaît son maître. » Celle qui veille au grain de leur alimentation quotidienne ajoute : « Je trie pour elles ce qu’il y a de meilleur. Cela représente entre 120 et 180 grammes de déchets par jour qui ne viennent pas enfler ma poubelle. »

A quelques pâtés de maison de là, vit Nathalie, en couple avec deux enfants, « deux chiens, un cochon d’inde et aujourd’hui deux poules, Costa et Rica ». Sa famille s’est naturellement portée candidate. « C’est une maison convaincue de l’intérêt environnemental - la maison dispose de trois composteurs et d’un lombricomposteur - et proche des animaux ». Si proche qu’« on leur ferait presque cuire des pâtes pour les nourrir », confie Nathalie, qui a dû résister à l’idée de les rentrer à l’intérieur de se maison cet hiver, craignant qu’elles n’aient trop froid. « Je ne les mets pas au même rang que mes chiens mais je les traite avec autant de respect », poursuit-elle. Sa seule crainte ? Que cette « mode ne tire vers le bas la condition de ces animaux. Il y a toujours des imbéciles prêts à les mettre dans une boîte sur leur balcon ! »

Le Monde.fr | 14.04.2015

poule pondeuse


Une étude britannique, commanditée par une entreprise, fait le point sur de surprenants résultats expérimentaux obtenus ces dernières années concernant l’intelligence de la poule.

En savoir plus : http://www.maxisciences.com/poule/la-poule-plus-intelligente-qu-un-enfant-en-bas-age_art29909.html
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