La mairie de Nouméa débute, au 1er avril, un essai de trois mois auprès de soixante-dix foyers témoins visant à réduire leur production de déchets ménagers. Outre le compostage, ce dispositif passe par l’installation de deux poules dans trente logements.

Certaines familles, comme ici à Nouméa, n’ont pas attendu cette opération de réduction de déchets pour adopter des poules.

Certaines familles, comme ici à Nouméa, n’ont pas attendu cette opération de réduction de déchets pour adopter des poules.

Photo Thierry Perron

La ville de Nouméa va donner des poules à ses administrés. La nouvelle peut faire rire, mais elle est très sérieuse. Ces gallinacés sont en effet l’une des deux armes mises en place pour réduire la production de déchets résiduels des Nouméens de 20 % par habitant d’ici 2018.

Ingérant une grande partie des aliments biodégradables, les poules peuvent manger jusqu’à 150 kg de déchets par an. « C’est un vrai coup de pouce », confirme Françoise Suvé, adjointe en charge de l’environnement. Sur des opérations de distribution de volailles menées en Métropole, des réductions de 114 kg de déchets ont été constatées.

Planchant sur cette opération depuis septembre 2013 et l’adoption de son Plan local de prévention des déchets (PLPD), la mairie va passer à l’acte, au 1er avril.

 

Poulailler. Pour trouver des volontaires, un appel à candidatures a été passé, en novembre, lors de la Semaine européenne de réduction des déchets. Quatre-vingts réponses ont été reçues et soixante-dix foyers ont été retenus en tant que témoins. « Il y en a qui sont en maisons individuelles et d’autres sont en appartements, précise Françoise Suvé. Le but, c’est de suivre leur comportement et de les accompagner », poursuit l’élu, qui insiste sur l’enjeu pédagogique du projet « parce que le plus dur, c’est de passer à l’acte ».

Concrètement, les trente familles qui attendent leurs poules ne les recevront qu’en mai. En avril, elles vont d’abord recevoir des balances, pour peser leurs poubelles durant un mois et ne devront rien changer à leurs habitudes. Cet état zéro permettra une comparaison avec les deux mois suivants. Deux poules et un poulailler leur seront alors livrés. Chef du bureau études, stratégie et coordination à la subdivision propreté urbaine, Angéla Hons et son équipe plancheront tout le mois de mars sur une charte pour éviter les nuisances sonores et les problèmes de salubrité. « La majorité des foyers témoins sélectionnés disposent d’un terrain supérieur à 100 mètres carrés, explique-t-elle. La charte d’adoption qui sera signée prévoit l’interdiction d’ajouter des coqs (voir ci-contre) et deux visites seront organisées par les agents de la ville. » Et des formations à l’élevage sont également prévues.

 

Actions. Mesure plus classique, la mairie va également distribuer des composteurs à trente-trois ménages. Et sept autres devront enfin peser ceux qu’ils portent aux trente-deux Points d’apports volontaires (PAV) de la commune. Et Françoise Suvé de rappeler que « si cela fonctionne, les personnes pourront poursuivre l’opération » après son terme. Inscrites dans les 83 actions de l’Agenda 21 de la commune, ces mesures ne sont pas les seules destinées à réduire la production de déchets ménagers.

Au Mont-Dore, commune pilote, « on a un projet autour du compostage qui suit la logique du tri sélectif mis en place en 2012 », présente Yannick Montlouis, chargé d’études au développement durable. Cent foyers ont des composteurs et un partenariat a été passé avec la Société immobilière de Nouvelle-Calédonie pour mettre en place des bacs collectifs aux Jardins des sens. Sur le site Internet de la ville, il est possible de télécharger des guides sur l’initiation au compostage et sur la construction d’un composteur en bois.

Païta aussi mise sur le compostage. Cent seize ménages sont inscrits à un programme lancé par la province l’an passé. Vingt ont déjà leur bac et la moitié ont suivi des formations.

 

28 000

C’est en tonnes, la quantité annuelle de déchets ménagers et assimilés produits sur la commune de Nouméa, selon le site de la ville. Ce dernier chiffre connu est en baisse par rapport à 2012 où la production était estimée à 29 000 tonnes, soit 450 kg par habitant.

Repères

Règlement municipal
L’arrêté 79/485 du 17 octobre 1979 interdit les coqs, les canards, les oies, les dindons, les pintades, les pigeons et autres animaux de basse-cour, sauf à ne pas créer de nuisance au voisinage, et à ne pas dépasser douze animaux par foyer, sur Nouméa. Les poulaillers, interdits en centre-ville par le plan d’urbanisme, doivent être en dur et avoir un sol cimenté incliné.

 

Onze gestes simples

Réduire les emballages, préférer les produits réutilisables aux jetables, limiter les impressions, fabriquer du compost, adopter des poules, réemployer les objets, éviter le gaspillage alimentaire, économiser piles et batteries, choisir des produits avec des labels environnementaux, adopter des gestes alternatifs et recycler ses déchets.

 

En milieu scolaire
Les bacs de tri sélectif ont disparu des cours de récréation au profit des cantines. Dans les écoles James-Cook, six poules ont été acquises et les potagers se généralisent.

Publié le jeudi 26 février 2015 à 03H00 : "Les nouvelles calédonienne